Engagé volontaire 
en Ukraine

Depuis le 24 février 2022, plusieurs dizaines de Français sont partis combattre aux côtés des Ukrainiens, parmi lesquels un Poitevin. Ancien militaire, « Babayaga » 
a rempilé en janvier dernier.

Claire Brugier

Le7.info

Les chiffres sont approximatifs. Le nombre de Français engagés aux côtés des troupes ukrainiennes face à l’armée russe avoisinerait soixante-dix. La sécurité impose de ne pas être trop précis, tout comme elle encourage l’usage de pseudonymes parmi les volontaires. Ce Poitevin de 49 ans se fait ainsi appeler « Babayaga ». Ancien militaire de carrière au RICM -jusqu’en 2009-, il a décidé de rempiler en janvier dernier. « Je ne supportais plus de rester passif devant ma télé, j’avais besoin de mettre du sens dans ma vie, explique-t-il au téléphone, via la messagerie sécurisée Signal. J’ai connu la guerre, dans les Balkans et ailleurs. Ce que j’ai d’expérience, autant le mettre à profit de gens qui réclament juste de vivre en paix ! »

Père de trois enfants de 14 à 19 ans qui vivent dans l’océan Indien, Babayaga a donc intégré la Légion internationale créée en mars 2022 par le président Volodymyr Zelensky. « Certaines personnes, parmi lesquelles d’anciens camarades de l’armée, ne comprennent pas, mais mes proches me soutiennent. » A mots couverts, Bayagaya suggère que le chemin a été long entre son recrutement via l’ambassade d’Ukraine en France et son incorporation, après un passage par un camp d’entraînement. Un jour, il racontera tout en illustrant son récit de photos et de films tournés avec sa GoPro. Mais pour l’heure il reste très prudent, notamment sur les lieux de ses missions. 
« Cela se passe à l’est », glisse-t-il, évasif.

« L’obus, je ne 
le gère pas »

Même sur le front, Babayaga surveille l’actualité. « Je suis les infos via Courrier international, Le Monde, LCI, BFM, des canaux ukrainiens de Telegram… Il faut être très prudent sur les médias car il y a de la propagande des deux côtés. Entre ce que vous voyez depuis la France et ce qu’on vit sur place, il y a un monde. » Depuis la semaine dernière, le militaire a intégré une brigade d’assaut de l’armée ukrainienne, après une halte de quelques jours à Kiev au moment des fête orthodoxes de la Pentecôte. Essentiellement pour alléger son barda car « je suis parti avec beaucoup de matériel (gilet pare-balles, porte-chargeur, drones, treillis, sacs de couchage…) sans savoir ce qu’il y aurait sur place ».

Depuis le début du conflit, plus d’une dizaine de Français seraient morts en Ukraine. 
« L’obus, je ne le gère pas, lâche Babayaga avec résignation. Mais j’ai préparé les papiers en conséquence, sereinement. Je suis comme les grands peintres, je vaux plus mort que vivant ! », plaisante-t-il. Puis plus sérieusement, « la gestion du stress est vitale, il faut avoir l’esprit clair et, au quotidien, garder une ligne de conduite ». Dans ce contexte, le collectif a toute son importance. « On se retrouve entre Français, des amitiés se créent. Il y a de la fraternité, on s’épaule. » Avec les tranchées pour horizon et les bombardements en bande-son.

Le militaire ne veut surtout pas faire de prosélytisme. « Je ne dis à personne de faire comme moi. Ma démarche est presque égoïste, tout en étant altruiste. C’est aussi un exemple que je veux donner à mes enfants, le message qu’il faut donner aux autres. » A ce jour, Babayaga est le seul combattant à être entré en contact avec l’association Ukraine Libre de Poitiers.

Photo DR

À lire aussi ...