Des normes parasismiques…
et obligatoires

Depuis 2011, la Vienne est classée en zone sismique 2 ou 3 selon le secteur. Les normes parasismiques s’imposent donc légalement à toutes les constructions neuves, générant un surcoût et parfois de mauvaises surprises.

Claire Brugier

Le7.info

Fissures, chutes d’objets mais aussi effondrement de structures porteuses, le séisme d’une magnitude de 5,8 qui a frappé la Charente-Maritime le 16 juin a causé des dommages parfois très importants sur les bâtiments, ce qui interroge sur le respect des normes parasismiques. Jusqu’en 2011, la Vienne en était quasiment exemptée. Depuis, le département est coupé en deux, avec 192 communes au nord-ouest situées en zone sismique 3 (risque modéré) et 74 en zone 2 (risque faible). Les constructions neuves sont donc soumises à l’Eurocode 8.

Par hasard, en octobre 2020, au détour d’une balade à proximité de sa future maison, aux Trois-Cités à Poitiers, Annabelle(*) a eu la désagréable surprise de découvrir des malfaçons relatives aux normes parasismiques. « Tout l’arsenal législatif et technique existe pour se prémunir en France des conséquences d’un tremblement de terre. Pour autant, force est de constater qu’il se construit encore, dans la Vienne, des maisons individuelles sans que ces normes ne soient appliquées, s’indigne la Poitevine. Or elles sont d’ordre public et nul ne peut y déroger. » Plusieurs expertises -par un expert indépendant, un deuxième mandaté par la préfecture et un troisième par l’assurance dommage- ont convaincu Annabelle de saisir le tribunal judiciaire. Le constructeur a été enjoint de démolir l’ouvrage. L’affaire est encore en cours et le chantier au point mort. « La procédure judiciaire constitue la solution ultime », explique Mickaël Tran, de l’Association d’aide aux maîtres d’ouvrage individuels (Aamoi) qui 
« conseille juridiquement les particuliers selon la gravité de la situation, l’état d’avancement du chantier… ».

Ne pas négliger 
l’étude de sol

« L’erreur majeure des maîtres d’ouvrage est de faire un plan de la maison telle qu’ils veulent qu’elle soit, un plan d’architecte donc. Mais le plan de construction est rarement réalisé, déplore Marcel Gouin, président de l’association Conseils, médiation et assistance aux usagers de l'habitat. Les travaux sont menés à partir du plan qui a été déposé lors de la demande de permis de construire. » 
Soit souvent avant une étude de sol poussée… Or « en zone sismique, les travaux nécessitent plus de béton et d’acier, pour des fondations plus grosses reliées par des poutres enterrées », explique David Tarride, directeur général d’ETII (Etudes, travaux, ingénierie, immobilier), à Poitiers. Ce chaînage est primordial. Michel Gaudin, le directeur de DL Structures, autre cabinet d’étude poitevin spécialisé, estime le surcoût moyen « entre 5 et 10% » 
mais surtout « très variable ». 
« Pour les maisons individuelles, les pavillonneurs passent souvent par des fournisseurs d’armatures standards. Pour les maisons d’architecte, c’est plus compliqué. » 
Quant à mettre aux normes une habitation ancienne, « cela nécessite des travaux lourds mais c’est faisable, note le spécialiste. Un séisme génère des efforts horizontaux, les maçonneries des maisons anciennes ne sont pas faites pour les supporter, à la différence des parpaings à liant utilisés aujourd’hui. »


Infos sur georisques.gouv.fr.


(*)Prénom d’emprunt.

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