Des primates peuplaient l'Afrique avant Toumaï

L’équipe poitevine du professeur Jaeger a découvert, en Libye, les restes du plus ancien primate anthropoïde d’Afrique. Un parent des premiers hominidés, du célèbre Toumaï et, finalement, de l’Homme tel qu’on le connaît aujourd’hui.

Romain Mudrak

Le7.info

 

Après la découverte par l'équipe d'Abderrazak El Albani (Hydrasa) du plus vieil organisme pluricellulaire, l'Institut international de Paléoprimatologie et Paléontologie humaine (basé sur le campus de Poitiers) a annoncé une autre grande nouvelle : la découverte de dents de singes fossilisées datant de 39 millions d’années. Elles ne font que deux ou trois millimètres mais devraient à faire progresser la connaissance scientifique sur l’histoire de l’humanité.

 

Plus précisément, une collaboration franco-libyenne a mis au jour des fossiles de trois espèces de primates anthropoïdes. L’une d’entre elles serait directement liée à nos ancêtres les plus lointains et aurait donné naissance à Toumaï, au Tchad, il y a 7 millions d’années.

 

Comme a l’habitude de dire le Professeur Jean-Jacques Jaeger, à l’origine de cette aventure, « une découverte offre quelques réponses mais pose toujours cent fois plus de questions à la science ». Ces fossiles n’échappent pas à la règle. Les chercheurs de l’IPHEP ont démontré, au début des années 2000, que les premiers primates anthropoïdes, vieux de 57 millions d’années, étaient originaires d’Asie (Chine, Birmanie, Thaïlande). Reste à savoir maintenant pourquoi leurs descendants ont choisi de migrer vers l’Afrique. En quelle année ? Et surtout par quels moyens, puisqu’un bras de mer séparait les deux continents à cette époque-là ? Une thèse menée actuellement à Poitiers par une doctorante pourrait livrer de nouveaux indices d’ici quelques mois.

 

Autre problématique : l’espèce d’anthropoïdes qui, plus tard, donnera naissance aux singes supérieurs a-t-elle bénéficié d’un environnement favorable en Afrique pour se développer ? Ou est-elle arrivée d’Asie avec des « prédispositions » ? Une mission est programmée dans les prochains mois. D’ores et déjà, cette trouvaille de l’Institut poitevin a fait l’objet d’un article dans la revue Nature, ce 28 octobre.

 

 

Légende photo 1 : Reconstitution des quatre primates de Dur At-Talah, réalisée par le Carnegie Museum.


Légende photo 2 : Tamisage à l’eau de sédiments du Dur At-Talah afin de collecter des fossiles de rongeurs et de primates - © MPFL

Légende photo 3 : Dents de primates fossiles du Dur At-Talah. Images au Microscope électronique - © MPFL

À lire aussi ...