Le colza prépare sa mue agro-écologique

Une expérimentation en faveur de la transition agro-écologique dans la culture du colza est actuellement en cours sur la parcelle d’une exploitation de Champniers. Objectif : moins de produits phytosanitaires, moins d’insecticides…

Claire Brugier

Le7.info

Au printemps, dans la Vienne, les champs jaunes de colza font partie du paysage. Mais il ne faut pas se fier aux apparences : les superficies agricoles dédiées à la plante ont fondu de moitié ces dernières années et, aujourd’hui, elles flirtent à peine avec les 30 000 hectares. La culture du colza, bien que rémunératrice, est contraignante, sujette aux aléas climatiques, à des ravageurs particulièrement gourmands… Et, par conséquent, souvent grande consommatrice de produits phytosanitaires. Mais il n’y a pas de fatalité.

Grâce à l’expérimentation menée actuellement sur une parcelle de l’Earl du Petit Bénitier, à Champniers, plusieurs acteurs de l’agronomie joignent leurs compétences pour trouver des solutions. Objectifs : faire du colza une culture à la fois rentable et agro-écologique.

Soucieux « d’avancer vers une agriculture plus durable », Stéphane et Théo Touron ont dédié 12 des 140 hectares de leur exploitation de polyculture-élevage à cette expérimentation inédite, menée de concert avec la coopérative agricole Océalia, Eaux de Vienne-Siveer, BASF France division Agro (filiale du leader mondial de l’industrie chimique) et le laboratoire de recherche appliquée Flor’Insectes. Pourquoi autant de partenaires ? Car la réponse est plurielle et englobe les pratiques agricoles, l’eau, les insectes, les variétés de colza…

Sus à la grosse altise !

L’expérimentation menée à Champniers s’appuie sur un essai de colza associé. En d’autres termes, le 25 août dernier, Stéphane et Théo Touron ont planté simultanément du colza et des plantes dites compagnes (lentilles d’Alexandrie, fenu grec, féverole, soit 40 à 50€/ha). Celles-ci, en générant un couvert, prennent la place d’adventices néfastes à la croissance du colza. Mieux encore, « grâce à leurs racines, elles ont un effet de structuration du sol », explique Kévin Larrue. Et « à l’automne, avant les périodes de lessivage, elles absorbent les nitrates et réduisent leur fuite vers les eaux de captage », ajoute le responsable du laboratoire Innov’Agro d’Océalia.

Tout comme il y a des plantes compagnes qui peuvent limiter l’usage des produits phytosanitaires, il existe aussi de « bons » insectes qui peuvent faire office… d’insecticide. Ainsi, la bête noire du colza est la grosse altise, dont se trouve être très friand un petit parasitoïde appelé tersilochus, inoffensif pour le colza. Imaginez, « il pond ses œufs dans la larve de la grosse altise au moment où elle se nymphose au sol », explique Johanna Villenave-Chasset, entomologiste au laboratoire Flor’Insectes. Ainsi, au printemps suivant, ô surprise, ce sont des tersilochus qui sortent des larves de grosses altises.

Pour s’assurer de la présence de ce petit parasite bienvenu, une bande de jachère fleurie a même été plantée en bordure de parcelle, au cas où le tersilochus trouverait pollen à son goût. Mais là encore, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions. Seule certitude : à première vue, « le colza est homogène », constate Stéphane Touron. « Mais c’est la moisson qui sera le juge de paix », tranche son fils. Verdict autour du 14 juillet.

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