Pédagogie - Le pari de l’intelligence collective

L’académie de Poitiers sera ce mercredi au centre de la Journée nationale de l’innovation pédagogique. Parmi les projets mis en avant, la « classe apprenante » du collège de Lussac-les-Châteaux mise sur l’intelligence collective des élèves pour partager des connaissances.

Romain Mudrak

Le7.info

Les tables sont agencées en arc de cercle aux quatre coins de la salle. Chaque groupe dispose d’un ordinateur pour effectuer ses propres recherches. Au centre, un grand écran tactile permet de partager du bout des doigts le fruit de ses investigations avec les autres élèves. Sous l’impulsion de Philippe Lamy-Chappuis, le collège Louise-Michel de Lus-sac-les-Châteaux a investi sur ses fonds propres pour réorgani-ser entièrement l’une des salles de classe du rez-de-chaussée. «La classe apprenante, c’est un lieu mais c’est surtout un concept, note le professeur de technologie et référent sur les usages pédagogiques du numérique. On casse les codes de l’apprentissage traditionnel. Ici, les élèves sont pleinement associés à la recherche et au partage de connaissances dans une démarche d’intelligence collective. »

En autodidacte

Dès 2018, cette idée a présidé à l’aménagement de la classe. Chaque groupe (des 5e et 4e) a été amené à réfléchir au choix des équipements (meubles, informatique) à sa disposition et a dû surtout justifier sa pro-position devant la classe. Désormais, le concept est décliné sur différents sujets. Exemple : l’impact de l’évolution technique sur celle de la société. C’est au programme du cours de technologie pour les 3e. Chaque classe amène sa pierre à l’édifice. « Nous rassemblons le tout sur un mur collaboratif, autrement dit un padlet, explique l’enseignant. Mon rôle consiste à structurer le travail des groupes, à les conseiller. » Et à créer des ponts entre les niveaux. Comme lorsque Philippe Lamy-Chappuis a fait un sondage auprès de ses 6e sur leurs usages des réseaux sociaux, qui leur sont logiquement interdits puisqu’ils ont moins de 13 ans. Résultat : ils sont tous dessus ! Mais au-delà, l’analyse a été confiée aux 3e qui planchent justement sur la question. Ces derniers viendront ensuite les sensibiliser aux bien-faits mais aussi aux dangers de ces outils.

L’apprentissage par les pairs, les interactions, voire la confrontation de points de vue constituent le cœur de la méthode. « Je suis plus motivé parce que j’ai l’impression d’apprendre par moi-même en autodidacte », assure Célien, élève de 3e, convaincu par la démarche. « Si un élève est bloqué, il doit d’abord se retourner vers son groupe pour trouver les compétences », reprend Philippe Lamy-Chappuis. Sinon des tétraèdres, sortes de pyramides à quatre faces fabriqués de sa propre initiative par Célien et une imprimante 3D permettent d’alerter le prof. « Je veux qu’ils soient satisfaits de ce qu’ils ont fait, même si c’est modeste selon leur niveau, et qu’ils aient une vision globale et cohérente de ce qu’ils apprennent. » La « classe apprenante » de Lussac-les-Châteaux décrochera-t-elle un prix lors de la Journée nationale de l’innovation pédagogique ? Réponse ce mercredi.

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