Les collèges courent après la réglementation

Sur des chantiers au long cours comme les collèges, coller aux normes thermiques et environnementales en matière d’isolation n’est pas chose aisée. Tout l’enjeu est d’anticiper ce qui sera exigé demain.

Claire Brugier

Le7.info

Imaginé entre la Réglementation thermique 2012 et la Réglementation énergétique 2020, le 35e collège de la Vienne en construction à Vouneuil-sous-Biard témoigne de la rapidité à laquelle évoluent les préconisations en matière de règlementations thermique et environnementale. Alors que la RE 2020 se profile -elle s’appliquera à partir de juillet 2022 aux bâtiments à usage scolaire -, le 35e collège va juste correspondre à la norme, Saint-Exupéry, à Jaunay-Marigny, est déjà dépassé et le projet mirebalais, à l’horizon 2025, n’a quasiment d’autre choix que d’aller au-delà.

« Lors du dépôt de permis du 35e collège, en 2018, nous étions soumis à la RT2012. Pour aller au-delà, nous avons décidé de répondre au label E+C- (ndlr, bâtiment à énergie positive et réduction carbone), explique Franck Fauquembergue, directeur de l’Education et des Bâtiments au Département. D’où le choix d’un rez-de-chaussée en béton -nous sommes en zone de sismicité 3-, des élévations en bois isolées avec de la laine de bois et des prémurs, garnis de laine de roche, fabriqués en usine. »
 Au sol, 20cm de polystyrène isolent la dalle portée et, en toiture, la laine de roche est recouverte d’une membrane imperméabilisée sous un toit végétalisé. « Une simulation thermique dynamique a été réalisée en fonction des plans, des matériaux utilisés, des conditions de température, du vent ou encore de l’hydrométrie, pour voir comment le bâtiment va réagir en confort d’hiver et d’été, mais aussi pour estimer si la chaufferie biomasse bois est bien dimensionnée. Une fois que tout sera fini, un test d’étanchéité à l’air, en réel, sera réalisé. »

De la paille à Henri-IV

A la construction, le surcoût lié à l’utilisation de matériaux plus vertueux est de 200 à 300€/m2. Mais aujourd’hui la problématique, au-delà des économies d’énergie, serait plutôt « comment on décarbone le bâtiment »,
de surcroît un établissement recevant du public. C’est là qu’entrent en scène les isolants naturels. « Pour le 35e collège, la paille n’avait pas encore reçu un avis technique favorable, explique Franck Fauquembergue. Nous aurions pu l’utiliser en lançant une procédure d’Atex (ndlr, appréciation technique d’expérimentation), mais ce n’était pas compatible avec nos délais. » En revanche, pour la réhabilitation du collège Henri-IV, à Poitiers, la paille en isolant sera associée à des briques de terre crue en parement.

« Globalement, les établissements ont des problèmes de chaleur, pas de froid », constate Franck Fauquembergue. Notamment ceux sortis de terre dans les années 60 et 70. Bellevue à Dangé-Saint-Romain, Jean-Macé à Châtellerault, Arsène-Lambert à Lencloître et Jean-Moulin à Poitiers vont ainsi connaître, dans le cadre du plan de relance, une réhabilitation thermique. Budgétée 6M€ et subventionnée à hauteur de 2,9M€, elle va permettre « entre 20 et 40% d’économie d’énergie ».

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