L’échalion vise le local

Malgré son appellation de « cuisse de poulet du Poitou », l’échalion est souvent consommé de façon anonyme. Les producteurs rassemblés au sein de Poitou Allium veulent lui redonner une visibilité, en privilégiant circuits courts et marché local.

Claire Brugier

Le7.info

L’échalion « cuisse de poulet du Poitou » -cela ne s’invente pas !- n’a pas la notoriété de sa cousine l’échalote, ni la rondeur de son tonton l’oignon. Pour le commun des consommateurs, il se résume souvent à une échalote plus dodue, plus allongée, plus cuivrée que ses congénères. Pourtant, même si on le retrouve en Bretagne, dans la Beauce ou le Maine-et-Loire, son histoire est intimement liée à la région. Dans la plaine mirebalaise, des producteurs ont commencé à structurer une filière dès les années 90. Le père de François Turpeau en était. Aujourd’hui, son fils perpétue la culture de l’échalion, comme quelques autres céréaliers. La commercialisation de leur production, qui comprend aussi des oignons rouges et jaunes, est longtemps passée par la coopérative TerryLoire. Jusqu’en août dernier et la création de la SAS Poitou Allium, dans un bâtiment construit en 2009 à Mirebeau. 
« Nous ne nous retrouvions plus -et ce n’est pas une critique envers TerryLoire- dans le modèle de commercialisation, commente Jérôme Germon. Nous avons la volonté d’apporter de la valeur ajoutée au produit, en développant les circuits courts et locaux. »

Prêts à consommer

Désormais, François, Jérôme et les autres -au total douze producteurs installés dans un rayon de 15km autour de Mirebeau, sauf un, vendéen- sont devenus actionnaires « pour être encore plus maîtres de [leur] destin ». 
Et ils étofferaient volontiers leurs rangs. Ils ont conservé les trois salariés permanents et recruté Nicolas Bastien pour établir de nouveaux circuits de distribution. « Nous sommes surtout sur la Vienne (ndlr, Drive fermier 86, Grand Frais…), explique le commercial, mais l’objectif est d’élargir progressivement. » Les deux tiers des volumes partent aujourd’hui encore vers Rungis et les deux dernières années ont été « très mauvaises ».

« Historiquement, l’échalion représentait une centaine d’hectares cultivés. Nous sommes descendus à une cinquantaine l’an dernier mais dans un mois nous en re-sèmeront 
80 hectares ! », assure Jérôme Germon. A la différence de l’échalote qui se plante, l’échalion se sème entre fin février et mars et se récolte de fin août à mi-septembre. A raison de 
30 tonnes par hectare, la prochaine récolte devrait avoisiner les 2 500 tonnes. « Nous allons lancer début février, en partenariat avec la légumerie qui se crée à Neuville, notre premier échantillon de produits transformés, des échalions épluchés, ciselés et conditionnés sous vide, pour une clientèle de restauration collective, cuisines centrales, restaurants… » La commercialisation est prévue pour mars, le logo a été validé, les étiquettes sont en cours d’impression. Elles viendront aussi identifier les emballages de 500g en cellulose de bois d’eucalyptus destinés à la commercialisation dans les grandes et moyennes surfaces locales.

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