Agroalimentaire - Vers une alimentation « durable »

Grand Poitiers a adopté en décembre son Projet alimentaire territorial (Pat), qui vise à développer les circuits courts, structurer des filières agroalimentaires et, au final, changer les comportements de consommation. Fredy Poirier, vice-président de la communauté urbaine, précise les contours de ce programme à 4,2M€.

Romain Mudrak

Le7.info

Quel est l’objectif principal d’un Projet alimentaire territorial ?
« Il s’agit de mettre en réseau l’ensemble des acteurs locaux de l’alimentation, du producteur au consommateur. Sur Grand Poitiers seule, nous avons une forte base de consommateurs mais un panorama incomplet de produits agricoles. C’est pourquoi nous avons associé les communautés de communes du Haut-Poitou et des Vallées du Clain. Le potentiel de développement de nouvelles filières est plus pertinent à cette échelle élargie. »

Un tiers (60ha) de la zone industrielle Aliénor d’Aquitaine, à Poitiers, sera finalement dédié aux activités agroalimentaires. Que pourra-t-on y trouver ?
« C’est une orientation donnée par la présidente. Cet espace pourra accueillir des zones de production maraîchère et des ateliers de transformation alliant des actions d’insertion professionnelle et d’innovation. Au-delà, l’idée est de repenser les surfaces à disposition sur l’ensemble des trois territoires dans une véritable stratégie foncière. Nous avons identifié 1 000 hectares de maraîchage disponibles. »

Vous souhaitez « relocaliser des filières agroalimentaires ». Que cela signifie-t-il ?
« Il est nécessaire de relocaliser les outils de transformation, légumerie, meunerie… En affichant des besoins communs pour la restauration collective, par exemple, on identifie un volume et un prix. A partir de là, les acteurs peuvent se mobiliser. C’est notre rôle maintenant. Une quinzaine d’agriculteurs portent un projet d’atelier de transformation de viandes de bœuf, de mouton, de chèvre et de volaille d’une capacité de 150 tonnes. Il verra le jour début 2023. C’est aussi le gage d’une meilleure rémunération. »

Justement, le Pat doit aussi apporter une réponse aux difficultés des agriculteurs en termes de rémunération ou encore de conditions de travail. Comment ?
« Simplement, avec une solution de transformation à proximité, les éleveurs perdent moins de temps sur la route. Ils dépensent moins de carburant. On sécurise aussi les prix de vente des productions. Autre exemple, si par le biais du Pat, on peut mettre en relation des maraîchers qui investiront collectivement dans des équipements modernes, avec l’aide de Grand Poitiers, on améliorera leurs conditions de travail. »

Où retrouvera-t-on 
ces produits ?
« La restauration collective, les cantines scolaires, le CHU... nous permettront d’avoir un volume important et constant de consommateurs. Ces groupements de commandes vont impulser le projet et lui donner de la crédibilité. J’espère ensuite convaincre les grandes et moyennes surfaces pour massifier ce mode de consommation. »

D’autres cultures non alimentaires sont-elles également concernées ?
« Nous souhaitons développer la filière du miscanthus, une sorte de roseau, pour alimenter les chaufferies comme celle inaugurée près du Dolmen à Poitiers. Les cultures agroécologiques, comme celles du chanvre et des oléoprotéagineux (lentilles, pois chiches) préservent la qualité de l’eau, qui est la première des denrées alimentaires. »

Plus d’infos sur grandpoitiers.fr

crédit photo : Fredy Poirier

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