Santé au travail : 
la prévention fait loi

La nouvelle Loi santé au travail qui entrera théoriquement en vigueur le 31 mars met l’accent sur la prévention. En attendant les décrets d’application, se pose déjà la question des moyens.

Claire Brugier

Le7.info

Pré-ven-tion. S’il ne fallait retenir qu’un mot de la Loi santé au travail qui entrera officiellement en vigueur à partir du 31 mars, concrètement au gré de ses quarante-six (!) décrets d’application, ce serait celui-là. La prévention va désormais s’afficher jusque dans le nom des Services « de prévention et » 
de santé au travail inter-entreprises (SPSTI). La priorité : prévenir plutôt que guérir des risques professionnels, pour le bien des salariés comme des employeurs. Car « quel que soit le dossier, il est rare que l’on n’évoque pas la santé, souligne Me Sophie Lavrard, avocate en droit du travail chez Ten France. Tout nous ramène à la santé. » 

Nouvelle visite médicale obligatoire de mi-carrière (dans la 45e année du salarié), redéfinition d’un socle de prestations communes à tous les SPSTI (encore à définir), lutte contre la désinsertion professionnelle, accompagnement accru des entreprises dans l’élaboration de leur Document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP), suivi par téléconsultation ou encore numérisation du dossier médical en santé au travail... La nouvelle loi, née d’un accord signé… fin 2020, semble vouloir solliciter davantage encore la 
« Médecine du travail », astreinte à effectuer au minimum un tiers de son temps en entreprise.

« Praticiens 
correspondants »

Avec quels moyens ? « L’Association du service de santé au travail de la Vienne est asphyxiée. Nous avons compté jusqu’à 20 médecins du travail, nous en avons aujourd’hui 
15 pour suivre 100 000 salariés, assène le directeur Dominique Derenancourt. Nous avons pour les aider 19 infirmières. Là où cela bloque, c’est que certaines visites (ndlr, environ 30%) ne peuvent être réalisées que par les médecins : les visites d’embauche SIR (ndlr, surveillance individuelle renforcée), les visites de reprise et de pré-reprise, les visites à la demande. La seule issue serait d’ouvrir le champ des possibles en développant la pratique avancée chez les infirmières. » Il n’en est pas question pour l’instant. En revanche, la nouvelle loi autorise des conventions entre les SPSTI et les médecins de ville, dénommés « praticiens correspondants »,
mais uniquement dans les secteurs que l’Agence régionale de santé définira comme en sous-effectif de médecins du travail. La Vienne en fera-t-elle partie ? Seule certitude, le département subit les effets d’une démographie médicale globalement en berne avec, de surcroît, à l’endroit de la médecine du travail, « un manque d’attractivité du métier », 
déplore Dominique Derenancourt. « Nous avons sollicité quatre cabinets de recrutement, ils ne nous ont pas présenté un seul candidat ! Chaque année, entre 200 et 300 médecins du travail partent en retraite et une centaine seulement sont formés dans cette spécialité. La choisir, c’est faire le deuil du soin et de la prescription. C’est précisément être un médecin de prévention. " Outre les professionnels de santé, l’ASSTV emploie dans la Vienne 39 secrétaires médicales et 12 assistants en santé au travail chargés d’élaborer les 
« fiches entreprises », autant de préventeurs, un psychologue du travail, deux ergonomes et cinq personnels administratifs.

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