Orientation - Les rejeté(e)s de la science

Alors que la Fête de la science bat son plein, la sociologue Clémence Perronnet s’apprête à défendre ce mardi soir une thèse inédite lors d'une conférence organisée par l’Espace Mendès-France sur le campus. Selon elle, des mécanismes d’exclusion et de censure sociale écartent une partie de la population des carrières scientifiques.

Romain Mudrak

Le7.info

« La bosse des maths n’existe pas. » C’est la thèse défendue par Clémence Perronnet. Après plusieurs années de terrain, la sociologue de l’éducation en a même fait un livre paru en 2021 aux éditions Autrement. En comparant la population générale à celle particulièrement investie dans les sciences, elle s’est rendu compte non seulement les filles sont moins représentées dans les carrières scientifiques mais aussi il en est de même pour les classes populaires et les minorités ethniques. Difficile de croire que tous ces gens possèdent moins de compétences en la matière ou encore, qu’uniformément, ils et elles n’aiment pas les sciences. Clémence Perronnet avance donc l’idée de « mécanismes d’exclusion » qui aboutissent irrémédiablement à une « censure sociale ».

Comment cela s’exprime-t-il ? D’abord au sein du système scolaire. « En primaire, les élèves font très peu de sciences. Certains ont des abonnements, des jeux, des loisirs tournés vers les sciences ou regardent des émissions thématiques mais pas tous. La part de l’extrascolaire est grande. On constate une inégalité dans le volume de science. » Une fois au collège, les expérimentations laisseraient en outre la place à des théories en écartant les réponses concrètes au fameux « à quoi ça sert ? ». Un autre facteur discriminant réside dans les représentations des scientifiques. « Des hommes blancs vieux parfois un peu fou comme dans certaines BD… C’est tout sauf eux ! » Impossible de s’identifier dans ces conditions. Pas plus qu’en réalisant des portraits de génies aux parcours exceptionnels.

En pleine quinzaine de la Fête de la science, une piste de solution consiste à revaloriser les autres disciplines. « Les formations scientifiques permettent d’accéder aux postes les mieux valorisés, mais pourquoi ? Il faut mettre fin à ce rapport de pouvoir », poursuit Clémence Perronnet. Mais la meilleure option serait de savoir vraiment pourquoi on a besoin de plus de scientifiques en France. « Pas pour améliorer la compétitivité et être les premiers, mais plutôt pour créer des technologies qui ne laissent pas certains de côté ou favoriser le bien-être de tous. » Clémence Perronnet soumettra ces thèmes à la réflexion du public ce mardi soir à 18h30 à la Maison des sciences de l’Homme et de la société (MSHS) sur le campus (bâtiment A5).

crédit photo : Delphine Blast

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