[SÉRIE] Il était une foi - Protestants, unis dans la diversité

D’accord sur les fondements de leur croyance, les protestants se sont regroupés en différentes Eglises au fil des années en fonction de spécificités liturgiques ou ethniques. Et la Vienne ne fait pas exception.

Romain Mudrak

Le7.info

Dimanche prochain, comme tous les ans le jour de Pâques, tous les protestants se réuniront très tôt en haut de l’escalier des Dunes pour vivre ensemble un événement exceptionnel. « C’est une tradition très locale. Depuis plusieurs années, nous venons à l’aube pour assister au lever du soleil sur Poitiers », explique Fabien Llinarès, pasteur de l’église baptiste de Poitiers. Pâques est un moment important pour tous les chrétiens, mais particulièrement pour les protestants. Les festivités démarrent d’ailleurs dès le Vendredi saint au sein du temple de la rue des Ecossais.

A Poitiers, quatre « Eglises » appartiennent à la même fédération protestante de France : baptiste, adventiste du 7e jour, libriste et l’Eglise protestante unie (EPU), elle-même composée des courants réformé et luthérien (lire ci-contre). Ces communautés se sont différenciées au fil des années au gré de spécificités liturgiques. Les baptistes, par exemple, mettent l’accent sur la conversion personnelle qui s’exprime notamment par le baptême à l’âge adulte (lire ci-dessous). Certains protestants choisissent aussi de se réunir en fonction de leurs origines. Un moyen de garder des repères culturels au milieu d’un pays éloigné du leur. Le dimanche après-midi, un office est ainsi proposé à quelques dizaines de Sud-Coréens dans leur langue maternelle. Un nouveau pasteur devrait d’ailleurs arriver dans les prochains jours. Idem pour les protestants malgaches, qui ont fêté en 2022 les 40 ans d’existence de leur Eglise poitevine.

Cœur indivisible

Malgré tout, une chose est sûre, tous les membres se retrouvent sur les fondamentaux. « La manière dont on organise les choses ne compte pas beaucoup, on parle d’adiaphora, souligne Roland Poupin, pasteur de l’EPU. Le cœur n’est pas divisé sur l’idée de « Sola fide » qui, en latin, signifie que seule la foi peut nous sauver. » Les protestants de France ont aussi d’autres points communs. Des exemples ? Les pasteurs peuvent se marier et, surtout, contrairement à d’autres religions, les femmes peuvent aussi devenir pasteur. Moins connu, aucun rite n’est prévu pour les mariages. « Chez les protestants, Dieu est témoin de l’union à la mairie », note Roland Poupin. Qui avoue néanmoins présider aujourd’hui des cérémonies au temple le samedi après-midi à la demande de ses fidèles.

LIRE AUSSI :
Les baptistes sur YouTube

HISTOIRE
Les protestants à Poitiers
La diversité des Eglises, c’est l’une des caractéristiques du protestantisme. Ce qui n’empêche pas les communautés de bien s’entendre entre elles, ainsi qu’avec les autres chrétiens catholiques. Surtout à Poitiers. En vérité, le mot protestantisme vient d’une racine latine qui signifie « témoigner pour » et non « rouspéter » comme on l’entend souvent ! En 2013, les églises ré- formée et luthérienne de France se sont regroupées. A Poitiers, cela a donné l’Eglise protestante unie (EPU). De son côté, l’Eglise libre a vu le jour après la révolution de 1848. Ses membres ne voulaient pas que les pasteurs soient nommés par l’Etat. Malgré la séparation de 1905, le courant a perduré. Quant aux baptistes, on doit leur arrivée ici à Lucien Clerc qui, après Niort, a animé les premiers offices en 1958 à l’intérieur de la Coupole qu’on appellera plus tard les Salons de Blossac.

LE SAVIEZ-VOUS ?
Eglise et centre d’animation
Dans les années 1970, les communautés catholique, réformée et baptiste de Poitiers ont financé la construction de l’église de la Croix de Beaulieu, accolée au centre d’animation. L’idée ? Marquer une présence commune dans ce quartier naissant. Chacune a versé 400 000 francs à l’époque. Au-jourd’hui, la mairie en a récupéré l’usage et la met à disposition des associations.

DÉPART
Roland Poupin s’en va
Après dix ans de bons et loyaux services à Poitiers, Roland Poupin, 67 ans, quittera ses fonctions de pasteur en juin 2023. Son ou sa remplaçant(e) n’arrivera que dans un an au plus tôt car d’importants travaux sont prévus dans le presbytère de la rue des Ecossais. Une mise aux normes est nécessaire, notamment en matière d’isolation thermique. L’Eglise protestante lo- cale devrait demander le soutien financier de la structure nationale pour boucler cet investissement.
 

À lire aussi ...