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La réforme du bac a bouleversé le calendrier des épreuves. A tel point que beaucoup d’élèves de terminale savent déjà s’ils ont le diplôme en poche ou non. De quoi en démobiliser plus d’un.
Lise, 17 ans, en terminale à Poitiers, est plutôt sereine pour le bac. Ses épreuves de spécialité, maths et sciences économiques, se sont bien déroulées. « C’était en mars et nous avons reçu les résultats début avril. » D’autres matières ont été évaluées en contrôle continu depuis la première. Avec le jeu des coefficients, elle connaît environ 80% de sa moyenne finale. Si la lycéenne a décidé d’aller jusqu’au bout de l’année, ce n’est pas le cas de tous ses camarades. « Lors du conseil de classe du troisième trimestre, les enseignants ont rapporté aux délégués qu’il y avait plus d’absents ces dernières semaines. » A quelques jours de l’épreuve écrite de philosophie et du grand oral(*), un nombre inhabituel de lycéens ont déserté les salles de classe. « Bien sûr, ce n’est pas la majorité, et puis il y a ceux qui visent une mention, mais c’est vrai qu’on constate une hausse du taux d’absentéisme depuis les vacances de printemps, confirme Alain Heraud, secrétaire académique du syndicat des enseignants du second degré, Snes-FSU.
Au lycée Berthelot, à Châtellerault, 9% des élèves manquent en moyenne à l’appel. « Avec la réforme du bac, ils s’absentent à partir de mars alors que c’était plutôt mai jusque-là », constate Joséphine Batista, conseillère principale d’éducation. Certains jours, 120 lycéens se font porter pâle « sans motif ». Avec des parents qui ferment les yeux, alors même que du soutien est proposé, notamment en maths. Mais évidemment, difficile de le savoir, si on ne vient pas en cours…
Le goût de l’effort
« C’est une démonstration des effets pervers de la réforme du bac de Blanquer, reprend Alain Heraud. Avec des épreuves importantes de spécialité en mars, un élève a vite fait de se démobiliser s’il sait que c’est gagné. » « Ou au contraire, avec de mauvaises notes, il peut aussi penser que c’est perdu », poursuit Lise. Covid oblige, c’est la première année que la réforme s’applique dans son intégralité. En 2022, les examens de spécialité avaient eu lieu en mai. Comme le Snes, le SE-Unsa a très tôt réclamé de « repousser ces épreuves de spécialités afin de permettre aux lycéens d’étudier les programmes dans leur intégralité ». Au lieu de cela, ce sont les programmes qui ont été réduits. Du moins selon le ministre de l’Education nationale car, là-aussi, les allégements sont contestés.
En outre, les premières admissions ont été dévoilées aux candidats sur la plateforme Parcoursup le 1er juin. Le bac en poche et l’affectation validée, la seule motivation qu’il reste aux lycéens est celle d’emmagasiner de nouvelles connaissances. Or, pour certains, ce n’est pas suffisant. « J’ai l’impression que c’est un mouvement sociétal depuis le Covid, le goût de l’effort diminue, souligne Hélène Blin, enseignante en collège et membre du SE-Unsa. Il faut qu’on trouve des leviers pour les remobiliser. » A deux semaines du brevet, elle constate la même tendance parmi les élèves de 3e. Comme ses prédécesseurs, le ministre Pap Ndiaye a décidé de s’atteler à la « reconquête du mois de juin » dans les lycées. Ce n’est pas encore gagné.
(*)Cette année, 16 745 candidats (+0,7%) de 15 à 42 ans sont inscrits aux épreuves terminales du bac dans l’académie, dont 4 178 dans la Vienne.
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